MARCO POLO (1254-1324)
ENTRE LES DEUX ROUTES DE LA SOIE
Au 13e siècle, grâce à sa flotte armée et de
commerce, la République de Venise est au sommet de sa puissance. Elle règne sur
la Méditerranée orientale, commerce avec les Arabes, possède des comptoirs
jusqu'au Nord de la Mer Noire. Celle-ci vient d'être conquise par les Mongols
dits de la Horde d'Or.
En 1260 Nicolo et Maffeo Polo sont partis négocier des
pierres précieuses vers Berké, khan mongol successeur de Batou*. Une guerre
entre tribus les oblige à se déplacer vers l'Est au lieu de revenir à
Constantinople par leur comptoir de Sodak* en Crimée.
Ils possèdent un sauf conduit pour se rendre au Grand Khan
Koubilaî petit fils de Gengis Khan, qui a sa capitale en Chine à Shangdu mais
aussi à Kambalik (qui deviendra Pékin). Ils arriveront à Boukhara*,
traverseront le désert du Taclamacan*seront escortés en route par des soldats
mongols comme des ambassadeurs.
Ils ont en effet un message du Pape qui leur demande
d'accueillir favorablement le christianisme.
Le Khan qui les accueille leur demande de transmettre son
souhait au Pape : qu'on lui envoie une centaine de savants, lettrés et religieux
pour l'instruire.
En 1266, Nicolo et Maffeo sont de retour à Rome où le pape
Clément IV vient de mourir. En 1271, munis d'un message du nouveau Pape pour
Kubilaï, ils emmènent le jeune Marco. Celui-ci a étudié les langues étrangères
et la comptabilité. Mais il devra faire preuve de courage et de détermination
pour suivre ses parents.
Ils partiront de Venise vers Acre où les deux missionnaires
envoyés par le pape les abandonnent devant les multiples dangers liés à
l'instabilité de la Région. Ils vont jusqu'à Tabriz près du Caucase, à Saveh au
sud de la Mer Caspienne, à Yazd et Kerman à l'Est de l'Iran, d'où il
s'apprêtent à embarquer à Ormuz (Océan Indien). Ayant vu les embarcations qu'on
leur propose, il prèfèrent revenir par Kerman et entreprendre la traversée des
montagnes du Pamir (une piste qui culmine à 5000 m, où il est difficile de
faire du feu) pour arriver à Kashgar au confluent de plusieurs routes et à
l'entrée du désert du Taclamacan qui vaut bien le désert de Gobi, son voisin
chinois.
Une fois arrivés dans
le territoire chinois, ils seront accueillis par Kubilaï à qui ils remettent
entre autres cadeaux des livres manuscrits et le Saint-Chrême, relique venant
de Jérusalem...
Le jeune Marco est remarqué par Kubilaï qui le prend à son
service et lui confie des rôles d'administrateur (organisation des salines et
de leur taxe par exemple) et de chargé de mission.
Sa dernière mission
consistera en l'accompagnement du convoi de navires de haut bord transportant
une princesse destinée à Arghoun le Khan
de Perse et petit neveu de Kubilaï. Ce voyage passera par le grand port de Fou
Tcheou (à 150kms de la future Shangaï), Sumatra, l'Inde, le Golfe d'Oman
jusqu'à Bagdad. Ainsi se terminera le tour d'Asie de Marco Polo, un tour qui
aura duré dix sept ans !!
Il aura parcouru la
route de la soie, celles des épices et des céramiques et des pierres indiennes.
Après une arrivée triomphale à Venise, il participe à un combat naval contre
les Gênois au cours duquel il est fait prisonnier (de marque). Ayant comme
compagnon de cellule un troubadour écrivain venant de Pise, appelé Rusticien,
il lui dictera ce qu'il a vu, observé, entendu lors de ses voyages.
Son récit « le Devisement du Monde »est marqué par
son esprit commercial et administratif, il décrit les richesses et
l'organisation du pays, mais il est impressionné aussi par les différents modes
de vie et croyances des peuples. Si le récit de ses voyages a été quelque peu
enjolivé par son compagnon (et c'est peut-être une des raisons du succès de son
livre) il a été reconnu après de sévères critiques, comme une mine de
renseignements. On dit que Christophe Colomb avait été motivé par les
descriptions de Marco Polo.
Marco Polo a connu de l'intérieur, des mondes qu'on ne
connaissait que par les récits des marins et des chameliers. Il a parcouru une
partie de la Route de la Soie classique (mentionnant les connaissances reçues
en partie de ses parents en partie par d'autres sources) sur des villes
renommées comme Samarcande et Boukhara et surtout découvert la Chine par
l'intérieur avec une situation exceptionnelle pour un observateur.
Son premier voyage a
relié la route maritime et la route du désert avec leurs contingents de
risques. Il a découvert des archipels inconnus des européens à l'époque
(Sumatra, Java). S'il ne fut pas un savant ni un explorateur, son aventure a
été unique, et a eu le bonheur d'être connue et de susciter plus tard d'autres
voyages...