Payer sur les Routes
Les échanges donnaient lieu à différents modes de paiement parmi lesquels figurent les pièces de monnaie, les textiles et le papier-monnaie.
Les pièces de monnaie les plus insolites pour les occidentaux sont les pièces d’origine chinoise. Ces pièces, simples objets, n’ont pas de valeur en soi mais la possibilité d’un échange contre des biens ou des services assure leur existence. Elles sont donc en métal commun : ce sont des pièces rondes, en bronze ou en cuivre, appelées sapèques, percées d’un trou carré en leur centre et portant une inscription en chinois. Elles étaient portées autour de la taille par un cordon qui les traversait. Ce type de pièces a été utilisé pendant plus de 2 000 ans en Chine.
D’autres pièces de monnaie, de tradition occidentale, étaient également utilisées lors des échanges. Ces pièces, de forme ronde, avec un décor figuratif et une légende, sont en or, en argent ou en bronze. L’or n’ayant pas cours en Chine pendant des siècles, les marchands intermédiaires achetaient la soie exclusivement en monnaie d’argent.
Cependant, les solidi byzantins en or étaient réputés pour leur valeur élevée et constante, de même que les drachmes sassanides, pièces d’argent dont le titre était invariablement élevé.
Divers textiles pouvaient également faire office de monnaie : il en est de la soie comme d’autres tissus qui servaient à payer l’impôt.
En Chine centrale, les tissus reçus en règlement de taxes étaient marqués d’un sceau officiel et portaient une inscription précisant le nom du contribuable, le lieu, le type de taxe payée, le nom du textile ainsi que la quantité fournie et la date. Ces tissus étaient exportés pour servir de monnaie.
Le papier-monnaie a, très tôt, pris sa place dans les échanges. Les Chinois sont les inventeurs du papier (1er siècle avant J.C., époque des Han) et du papier monnaie (sous les Han).
Ils sont également les inventeurs de l’imprimerie sur bois, au IXe siècle et de l’imprimerie à caractères mobiles, au XIe siècle.
Sous la dynastie Tang (618-907), les marchands ne souhaitant plus se déplacer avec des sommes importantes déposaient de l’argent aux guichets de leurs corporations. Ils recevaient un « billet de contrepartie » (un reçu) leur permettant de retirer une somme identique auprès de leur corporation dans une autre ville.
Dès le XIe siècle, l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles permit d’améliorer le système. Les Chinois émirent donc massivement du papier monnaie. Ces inventions ont favorisé le transport de beaucoup d’argent mais d’un poids très léger.
De plus, la prospérité du commerce de la région de Sichuan a entraîné la pénurie de pièces de monnaie en cuivre durant la dynastie Song (960-1279) et a rendu le papier monnaie très populaire. En effet, certains marchands se mettent à émettre des billets en papier de mûrier « Zhu Quan », garantis par une réserve monétaire (en pièces ou en sel et plus tard en or et argent).
En 1024, le gouvernement prend le monopole de cette émission et Kubilaï Khan de la dynastie Yuan (1234-1368) fait du papier monnaie le seul moyen de paiement autorisé. Il prend, cependant, comme base du système monétaire la valeur de l’argent pour éviter l’effondrement de la valeur du papier monnaie par une émission massive de billets sans réserve monétaire.
C’est ainsi que Marco Polo (1254-1324), dans Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles (récit de 1299 copié à Paris vers 1410-1412), raconte :
Comment le Grand Khan fait utiliser comme monnaie à travers tout son pays des écorces d'arbre qui ressemblent à du papier-monnaie.
C'est à Cambaluc que se trouve l'Hôtel de la Monnaie du Grand Khan. Celui-ci tire à l'évidence un parfait et juste profit de la monnaie qu'il y fait faire. Ses hommes ramassent l'écorce du mûrier, cet arbre dont les feuilles sont mangées par les vers qui produisent la soie, et qui abondent dans la région. Ils retirent la peau délicate qui sépare le bois de l'arbre de l'épaisse écorce extérieure. Cette peau est blanche et fine comme du papier ; ils la noircissent. Ils la découpent ensuite en feuilles de papier-monnaie. Le plus petit billet vaut un demi-tornesel, puis un tornesel, un demi-gros d'argent de Vénise, puis cinq gros, six gros, dix gros, et ensuite un besant d'or, deux besants d'or, trois, quatre et cinq besants d'or. Et ainsi jusqu'à dix besants d'or. Et tous ces billets portent le sceau du seigneur. Sans rien débourser, le Grand Khan en fait faire chaque année une telle quantité qu'il pourrait en payer la richesse du monde entier. Le Grand Khan se sert de ces billets pour payer ce qu'il doit. Toutes ses provinces, royaumes et terres doivent les utiliser, de même que ses sujets, partout où il a pouvoir et autorité. Personne, pour autant qu'il tienne à la vie, ne se risque à les refuser, il serait aussitôt puni de mort. D'ailleurs tous les acceptent volontiers. Sur les terres qui relèvent du Grand Khan, les gens les utilisent comme si c'était de l'or fin pour payer les marchandises qu'ils achètent ou qu'ils vendent. C'est une monnaie si légère que celle qui vaut dix besants n'en pèse même pas un.
C'est à Cambaluc que se trouve l'Hôtel de la Monnaie du Grand Khan. Celui-ci tire à l'évidence un parfait et juste profit de la monnaie qu'il y fait faire. Ses hommes ramassent l'écorce du mûrier, cet arbre dont les feuilles sont mangées par les vers qui produisent la soie, et qui abondent dans la région. Ils retirent la peau délicate qui sépare le bois de l'arbre de l'épaisse écorce extérieure. Cette peau est blanche et fine comme du papier ; ils la noircissent. Ils la découpent ensuite en feuilles de papier-monnaie. Le plus petit billet vaut un demi-tornesel, puis un tornesel, un demi-gros d'argent de Vénise, puis cinq gros, six gros, dix gros, et ensuite un besant d'or, deux besants d'or, trois, quatre et cinq besants d'or. Et ainsi jusqu'à dix besants d'or. Et tous ces billets portent le sceau du seigneur. Sans rien débourser, le Grand Khan en fait faire chaque année une telle quantité qu'il pourrait en payer la richesse du monde entier. Le Grand Khan se sert de ces billets pour payer ce qu'il doit. Toutes ses provinces, royaumes et terres doivent les utiliser, de même que ses sujets, partout où il a pouvoir et autorité. Personne, pour autant qu'il tienne à la vie, ne se risque à les refuser, il serait aussitôt puni de mort. D'ailleurs tous les acceptent volontiers. Sur les terres qui relèvent du Grand Khan, les gens les utilisent comme si c'était de l'or fin pour payer les marchandises qu'ils achètent ou qu'ils vendent. C'est une monnaie si légère que celle qui vaut dix besants n'en pèse même pas un.
Les marchands qui viennent d'Inde ou d'ailleurs n'osent vendre leur or, leur argent ou leurs perles à nul autre qu'au Grand Khan. Le Grand Khan a nommé pour évaluer leurs marchandises douze de ses barons, hommes sages et compétents. Ceux-ci [achètent] aux marchands leur or, leur argent et leurs perles, qu'ils leur paient largement avec ces billets de banque. Et eux les acceptent très volontiers, car personne ne leur en donnerait autant, et ils en sont payés comptant.
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