Religieux,
cartographes, diplomates et marchands : quels
voyageurs ?
Marco Polo
n'est pas le premier voyageur connu à avoir effectué un voyage d'Europe en Chine.
Le
franciscain Jean du Plan Carpin
envoyé par le pape en 1245 vers les Mongols, laisse de son voyage une
grande description de l’Asie centrale. Ce franciscain gagne Kiev en Ukraine,
qui est occupée par une garnison des Mongols de la Horde d'Or.
Batu Khan (neveu d'Ogodai, fils de Gengis Khan) le fait escorter
jusqu'à Karakorum. A son arrivée, il assiste au couronnement du nouveau Khan, Guyuk, et s'aperçoit qu'outre un
Européen, il rencontre des chrétiens nestoriens de l’Eglise de Syrie. Sa
mission suscite de la part du Khan de l'incompréhension de
par l'arrogance du pape, de par un système politique incompréhensible pour lui.
André de Longjumeau envoyé en 1245-1247 et de 1249 à 1251 est un
moine dominicain envoyé par le pape
Innocent IV vers les princes mongols auxquels il doit remettre une
correspondance. Il rapporte que des moines nestoriens (de l’église syrienne)
sont employés par le khan pour des missions administratives. Des chrétiens sont
donc admis à la cour mongole. Par contre des négociations de paix passent
nécessairement pour les Mongols par une soumission. Longjumeau s’arrête à
Tabriz.
Guillaume de
Rubrouck prend connaissance de ces rapports.
Guillaume de Rubrouck (Rubroek) envoyé par Saint Louis
en 1254 est un franciscain,
venant de Flandres. Il constatera lui
aussi qu'à la cour du Khan (qui a déjà changé, il s'agit de Mongke) on peut rencontrer des
Nestoriens (chrétiens d'Orient) des musulmans, et des » idolâtres »
(il s’agit en fait de bouddhistes à cause des représentations du Bouddha). La
mission de Guillaume de Rubrouck consiste à rechercher l'alliance stratégique
du Khan dans une lutte commune contre les musulmans, et si possible la
conversion du Khan au christianisme. Le périple de Guillaume de Rubrouck passe
par : Acre, Constantinople, la Crimée, Sarai, le lac Baïkal près de la
Volga, et atteint la région de Talas (sans passer par Boukhara ni Samarcande,
passe par le Taclamacan pour arriver à Karakorum, capitale Mongole
fondée par Ogodeï, fils de Genghis.
Karakorum ne possède pas de monuments,
ni de forteresse impressionnante, et pourtant elle est un lieu de rendez-vous
de tous les peuples qui sont en relation avec l'Empire : c'est un immense
site de campements. Karakorum restera capitale mongole jusqu'à ce que Kubilai
Khan installe sa capitale en Chine à Kanbalik (qui deviendra Pékin) en
1260.
Guillaume de Rubrouck écrira en latin pour Saint Louis
un Voyage dans l'Empire Mongol très bien documenté mais
qui ne sera pas beaucoup diffusé. Cette œuvre est reconnue pour être à la fois
rigoureuse, bien documentée et d'une grande utilité (géographie, mode de vie
des peuples, religions etc).
Voyages de Marco Polo :
En 1271 Marco Polo fils de
marchands vénitiens part avec son père et son oncle vers l'Extrême Orient dont
il ne rentre qu'en 1295. Ses récits de voyage où il décrit les coutumes et
curiosités des pays qu'il a traversés, de la Route de la soie jusqu'en Chine et
de la vers des territoires vassaux du Khanat de Mongolie et jusqu'en Inde, vont
avoir un énorme succès.
Le
nouvel empereur de Chine est le frère de Mongka à qui il a succédé. Il est en
même temps le Grand Khan Kubilai
On en parlera
plus tard car c’est une longue histoire !
Voyage d'Odoric de Pordenone (1286-1331) envoyé en Orient vers
1316-1318 et qui en reviendra vers 1329-1330. Son voyage, qui a pour but de
visiter les missions franciscaines qui se sont répandues en Orient, passe par
Venise, Constantinople, Trébizonde, Tabriz, , Yazd* puis bifurque vers le Sud
par Persepolis, Shiraz, Bagdad, Ormuz, par mer jusqu’à Bombay (où il récupère
les reliques de 4 frères qui ont été tués sur ordre du gouverneur musulman),
puis à partir de Madras, vers Java,
Bornéo, vers la Chine où il arrive à Hangzhou ville énormément peuplée pour
l'époque. Enfin par le Grand Canal de Chine, il arrive jusqu'à Kanbalik (Pékin).
La description de ce qu'il a observé en Indonésie et sur la péninsule
indochinoise est assez proche de ce
qu'en a donné Marco Polo.
Voyages de
Ibn Battuta (p 282)à partir de 1325 . né à Tanger en 1304
et mort en 1377 à Marakech, Ibn Battuta se rend à la Mecque à quatre reprises
en suivant des chemins différents et en prolongeant son voyage par d'autres
pays.
En 1325
du Maghreb à la Mecque : il visite le Nil (Alexandrie et sa bibliothèque
en particulier) la Syrie, l'Irak et l'Iran (Mésopotamie et Perse). Nous sommes
encore à cette époque à l'Ere des croisades, reprise de Jérusalem par les
musulmans (Dôme du Rocher) importance stratégique de villes comme
Alep(citadelle), Damas. (mosquée des Omeyades)
. En1328
2e pélerinage par la péninsule arabique. Il constate que Bagdad a été
ravagée par les Mongols de Ulagou,
et que Tabriz qui s'est rendue sans combattre est devenue prospère. En 1330,
3e pélerinage , avec exploration de la Turquie, de la Mer Noire, de
l'Asie centrale jusqu'en Inde, Ceylan, Sumatra, la Malaisie... et la Chine à
Pékin/Kanbalik. Ce dernier voyage recoupe en partie celui des Polo père et
fils. Il décrit ce qu'il y a observé, notamment la houille, les billets de
banque(inventés par la dynastie Mongole), la porcelaine, la laque, ainsi que
les méthodes de contrôle de la population (douanier et policier)par le pouvoir
sino-mongol.En 1349 et jusqu'en 1354, il rejoint La Mecque par le Sahara
et l'ancien Mali.
Mais
d’autres voyageurs fameux sont venus de Chine :
Bien sûr le Général Zhang Kien qui en mission diplomatique et de
renseignement est sorti de Chine par les déserts du Nord-Ouest pour découvrir
le monde de l’autre côté des murailles de Chine et si possible de l’autre côté
des ennemis XiongNu pour tenter de nouer des alliances et fut fait prisonnier.
D’autres chinois se sont ainsi « échappés » : le moine
bouddhiste Fa-Xian (337-422) part de Chang’an la capitale de l’époque
traverse le désert de Gobi, arrive à Khotan (sud du Taclamacan), arrive par les
chemins difficiles que l’on sait jusqu’à la région de Kaboul et de la vers la
Vallée du Gange. Sa quête , Les textes sacrés bouddhistes et leur traduction en
chinois, l’exploration géographique et historique, la rencontre de sages et de
savants. Il passe par Ceylan (sans doute pour reprendre la route par voie
maritime, mais je n’ai pas pensé à le lui demander).
Xuan Zang (602-664)
moine bouddhiste érudit, ayant des doutes sur la qualité de certaines
traductions (du sanscrit au chinois) décide de se rendre (clandestinement car
la Chine vient de fermer sa frontière) sur les lieux de la prédication de
Siddharta (le Bouddha) au Nord de l’Inde. Gobi, Lanzhou, Turfan (Nord du
Taclamacan)et par les contreforts Ouest de l’Himalaya, l’Inde. Voir la fiche
pédagogique « Un moine légendaire » ; il est très connu en effet
en Chine et les pays voisins bouddhistes…
Zheng Wen
Ming (635-713) moine bouddhiste sous
la dynastie Tang décrit ses voyages vers l’Indonésie et l’Inde de l’Est.
Les derniers venus parmi ces voyageurs - et sans parler de tous les aventuriers et
commerçants qui auront l’occasion de pénétrer en Asie notamment par voie
maritime lors des expéditions lancées par les « compagnies des Indes
orientales » des pays européens (Portugal, Espagne, France, Hollande et
Angleterre) sont des scientifiques en mission d’exploration du passé (parfois
en mission de renseignement). Géographes, cartographes, historiens, bref :
archéologues. Ces archéologues tenteront de retrouver les traces de villes et
de civilisations disparues mais dont ils ont eu connaissance par les livres et
manuscrits grecs, syriens, arabes, persans, et chinois..
(la suite
avec : Les explorations modernes de la Route de la Soie)